Cette exposition nous a permis de découvrir ce maître de l’âge d’or espagnol assez mal connu du grand public.
« Nous voici d’abord à Séville où le jeune Francisco, né en Estrémadure, s’est installé à l’adolescence. C’est ici, au cœur de l’Andalousie, qu’il se forme, trouve sa voie, son style, répondant aux nombreuses commandes des différents ordres religieux installés à Séville. De grandes toiles illustrant la vie des saints dont trois exemplaires ouvrent l’exposition. Parmi celles-ci, un impressionnant Saint-Grégoire au visage d’une étonnante humanité. »
La salle suivante met à l’honneur une autre commande consacrée au couvent abritant l’ordre des mercédaires dont le peintre est invité à retracer l’histoire. La progression technique entre les deux salles est étonnante mais ce sont les deux grands portraits de religieux (Frère Jeronimo Perez et Le Vénérable Frère Jeronima Carmelo) qui focalisent les regards.
Zurbarán y joue avec toutes les nuances de blanc pour obtenir des drapés d’un réalisme bluffant. Mais il ne néglige pas pour autant les visages, une fois encore empreints d’une profonde humanité. Comme saisis par l’objectif d’un photographe.
De part et d’autre de l’entrée dans la troisième salle, ils entourent le fameux Saint-François et composent avec ce dernier un trio impressionnant, savamment mis en place par Ignacio Cano Rivero, curateur de l’exposition. Celle-ci se déploie en une succession d’une douzaine de salles offrant aux œuvres tout l’espace nécessaire et aux visiteurs une succession de découvertes remarquablement introduites par des textes en quatre langues. »
Sortant de la salle consacrée aux Visions et Extases, on débouche sur une série de petites natures mortes, a priori plus anodines. Erreur! Celles-ci sont des bijoux où l’artiste parvient à faire ressentir le velouté de la peau d’un fruit, le côté desséché d’un autre. Et que dire de cette petite toile montrant une tasse d’eau et une rose sur un plateau d’argent? Elle date environ de 1930 mais quelques années plus tôt, Zurbarán avait peint les mêmes objets, dans un arrangement similaire, à l’avant-plan d’une grande scène religieuse dont elle n’était alors qu’un détail.
Au fil des salles, on découvre ainsi l’évolution du travail, les passerelles entre les époques et les thèmes, les travaux de commande qu’il expédie vers les Amériques avec un sens commercial développé. Mais ce sont encore et toujours les thèmes mystiques, de l’Agnus Dei aussi simple qu’émouvant aux toiles tardives réalisées à Madrid et s’attardant à nouveau sur la vie des saints, qui font la plus forte impression. Sans oublier les vierges et les épisodes de la vie quotidienne d’un Christ, une fois encore, terriblement humain. »
texte du site LE SOIR